Pour tirer des avantages socioéconomiques tangibles des possibilités créées par la Zone de libre-échange continentale africaine, les pays africains devront maîtriser différents risques et surmonter certains problèmes de mise en œuvre. Selon la conception conventionnelle du commerce international, les zones de libre-échange créent des courants commerciaux en même temps qu’elles en détournent d’autres ; l’effet de création l’emportant souvent sur l’effet de détournement, elles ont globalement une incidence nette positive sur le bien-être économique (théorie de Viner).

On entend par « création de courants commerciaux » l’accroissement des flux entre les membres d’une zone de libre-échange qui résulte de l’élimination d’obstacles tarifaires et non tarifaires, ainsi que d’une meilleure exploitation des avantages comparatifs, de la création d’économies d’échelle et d’une allocation plus productive des ressources. Le bien-être économique s’en trouve accru lorsque le partenaire commercial est celui qui fournit déjà un produit donné au prix le plus bas au titre de la clause de la nation la plus favorisée. Il y a détournement de courants commerciaux lorsque des fournisseurs de pays tiers sont remplacés par des producteurs moins efficaces et plus coûteux de la zone de libre-échange, ce qui réduit le bien-être économique. Toutefois, le détournement des courants commerciaux ne diminue pas systématiquement le bienêtre, par exemple en cas de cessation soudaine des importations en provenance de tiers. Les simulations de Mevel et Karingi (Mevel and Karingi, 2012) montrent que la suppression des droits, conjuguée à des mesures de facilitation du commerce dans la Zone de libre-échange continentale africaine, est susceptible d’avoir davantage d’effets de création que d’effets de détournement, et que le commerce intra-africain devrait augmenter de 34,6 milliards de dollars (+52,3 %) d’ici à 2022, par rapport à un scénario de référence sans zone de libre-échange. Les simulations font également ressortir que les salaires réels des travailleurs non qualifiés pourraient augmenter, tandis qu’une proportion limitée des emplois serait réaffectée du secteur non industriel au secteur industriel (Mevel and Karingi, 2012).

La libéralisation préférentielle du commerce qui est au fondement de la Zone de libre-échange continentale africaine présente en outre des avantages statiques et dynamiques. Les avantages statiques découlent de l’augmentation à court terme du bien-être économique et les avantages dynamiques, des pressions concurrentielles qui créent des gains de productivité à long terme. Les pressions concurrentielles incitent les producteurs à améliorer leur offre grâce à l’innovation et à la modernisation des technologies et à se doter d’avantages comparatifs dynamiques pour obtenir de meilleurs résultats que les concurrents. Grâce à la libéralisation préférentielle du commerce, la Zone de libre-échange continentale africaine pourrait à long terme améliorer la situation des consommateurs et le bien-être économique, en stimulant la concurrence et l’innovation.

Il y aura des coûts d’ajustement à court terme dans la Zone de libre-échange continentale africaine, étant donné que des travailleurs, des capitaux et d’autres ressources seront réaffectés d’un secteur à l’autre, mais la plupart des études concluent que les avantages à long terme l’emporteront sur ces coûts (UNCTAD, 2018f). Les coûts d’ajustement à court terme comprennent les pertes d’emplois temporaires dans certains groupes de la population active qui devront passer de secteurs économiques en décroissance à des secteurs en expansion, ainsi que la baisse des recettes tirées des droits de douane par les États, qui auront donc besoin de plus de ressources intérieures. Les avantages économiques à long terme résulteront de la meilleure exploitation des chaînes de valeur régionales, qui favorisera l’industrialisation, la modernisation technologique, la croissance économique et la création d’emplois décents dans le secteur formel.

Une grande partie des PME africaines a peu de chances de survivre et de se développer, en raison d’une série de contraintes qui pèsent sur leur rentabilité. Dans la Zone de libre-échange continentale africaine, il est possible d’accroître ces chances en leur ouvrant de nouveaux marchés plus vastes, d’abord à l’échelle régionale, puis au niveau mondial, tout en leur permettant de produire à plus grande échelle grâce à la protection offerte par des conditions préférentielles et d’acquérir de nouvelles connaissances grâce à l’exportation. Les PME africaines peuvent utiliser les chaînes de valeur régionales comme un tremplin pour s’intégrer dans les chaînes de valeur mondiales, une fois qu’elles sont devenues suffisamment compétitives et qu’elles ont commencé, éventuellement, à fonctionner comme de véritables sociétés autonomes qui traitent directement avec une clientèle régionale et internationale. Le commerce électronique peut donner aux PME africaines un moyen de développement supplémentaire, si les pays du continent améliorent leur capacité d’utiliser les outils nécessaires à cette fin. La conduite de négociations sur le commerce électronique dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine pourrait aider les pays africains à élaborer des plans et politiques stratégiques et prévoyants pour tirer parti de la numérisation de façon à accroître les effets positifs de la Zone de libre-échange continentale africaine et à ouvrir de nouvelles perspectives aux PME africaines.

 

Mots clés : Afrique, Actualités, Economie, ZLECAF, Commerce, PME

La Rédaction

Baobab News

© Crédits Graphiques : Baobab News