La cartographie du commerce intra-africain et les données sur les régimes de règles d’origine permet d’explorer la question suivante: Quel type de règles d’origine aiderait à générer le plus grand impact sur le développement au sein de la zone de libre-échange continentale africaine? Compte tenu du contexte de la zone de libre-échange continentale africaine et de sa relation avec d’autres cadres politiques continentaux, une question connexe est celle de savoir dans quelle mesure les règles d’origine peuvent favoriser l’émergence de chaînes de valeur régionales en tant que tremplin pour la transformation structurelle et la diversification des exportations.

Aborder ce question et évaluer l’impact des différentes règles d’origine en Afrique est une entreprise difficile pour trois raisons. Premièrement, cela implique de tenir compte de l’impact des règles d’origine dans un contexte de plus en plus complexe du commerce international, où l’émergence de chaînes de valeur régionales et mondiales a rendu les producteurs interdépendants d’un pays à l’autre, grâce au commerce des produits intermédiaires. Deuxièmement, l’accès limité aux textes juridiques et le manque de données sur l’utilisation des préférences pour la plupart des communautés économiques régionales en Afrique rendent une évaluation approfondie encore plus difficile. Troisièmement, un certain nombre de complexités techniques et analytiques sont nécessaires pour quantifier avec précision les effets des règles d’origine sur le commerce. Par exemple, les mêmes formulations juridiques peuvent avoir des impacts différents selon les différents secteurs; en outre, plusieurs problèmes économétriques sont liés à l’identification de l’impact des règles d’origine.

Les règles d’origine préférentielles sont un élément nécessaire à la mise en œuvre des accords commerciaux régionaux et autres accords commerciaux préférentiels. Compte tenu de l’importance croissante du commerce des intrants intermédiaires, de l’émergence de chaînes de valeur mondiales et régionales et du nombre croissant d’accords commerciaux préférentiels, les règles d’origine risquent de donner lieu à une masse de plus en plus complexe de réglementations, et donc d’être manque de progrès vers une plus grande convergence réglementaire.

Une préoccupation similaire concerne également l’intégration régionale en Afrique, qui se caractérise par de nombreuses communautés économiques régionales, souvent avec des membres qui se chevauchent, et bénéficie de plusieurs régimes préférentiels, chacun avec une discipline distincte de règles d’origine. Pour un secteur privé intérieur relativement faible, le traitement d’un ensemble de plus en plus complexe de réglementations alternatives peut entraîner une augmentation des coûts administratifs et de mise en conformité, ce qui finit par saper le commerce intra-africain plus dynamique. Pour réaliser la vision de la zone de libre-échange continentale, il est donc nécessaire d’envisager les négociations sur les règles d’origine avec un certain pragmatisme, en forgeant un consensus sur un équilibre prudent entre la prévention des détournements de trafic et les disciplines indûment restrictives. Cela implique également une médiation entre les intérêts des opérateurs historiques puissants et la nécessité d’assurer un résultat gagnant-gagnant inclusif pour la zone de libre-échange continentale en mettant en place des flexibilités pour les pays dont la structure de production est plus faible. Cette préoccupation est particulièrement importante car l’impact des réglementations sur un secteur donné sera affecté non seulement par les parties prenantes actuelles (c’est-à-dire la marge intensive), mais aussi par les barrières à l’entrée et les opportunités pour les nouveaux entrants (la marge extensive).

 

Mots clés : Afrique, Actualités, Economie, Zone de libre-échange continentale africaine, Règles d’origine

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